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Infojunior - No 19 du 12 décembre 1999

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MONEMVASSIALe rocher de Monemvassia

 

Monemvassia est une ville fortifiée, posée sur un rocher énorme, dans la mer Méditerranée, au sud du Péloponnèse (la partie de la Grèce qui ressemble à une main).

Ce rocher mesure 1,8 kilomètres de long sur 0,9 kilomètre de large et il est très très escarpé car son sommet, où se trouve la "ville haute", est à 300 mètres au-dessus de la mer.

D'ailleurs, il ne faut pas trop s'approcher de certains bords car la falaise surplombe directement la mer. Mais là-haut, la vue est superbe !!!

La vue depuis le haut de la falaise
 
On peut voir tout ce qui se passe dans les environs (sur terre et sur mer) sur des dizaines de kilomètres et surtout, tous les bateaux qui traversent la Méditerranée d'Ouest en Est (ou inversement).
 

Monemvassia

Ainsi, depuis l'an 1000 les habitants de l'ïle pouvaient prévenir leurs alliés d'une éventuelle attaque ennemie : Aucune flotte ne pouvait atteindre les îles grecques ou s'approcher de la capitale de l'empire byzantin sans être vue depuis la ville.
 

Grâce à cette position stratégique de Monemvassia, les empereurs byzantins ont toujours essayé de gagner l'amitié de ses habitants en leur accordant toujours des droits et des privilèges spéciaux, car ils pouvaient jouer un rôle considérable dans la défense de l'empire de Byzance.

   
  Par la suite, elle fut toujours très sollicitée par tous les conquérants qui ont essayé de l'occuper pour qu'elle serve de base à leurs entreprises militaires : Son importance stratégique dura pendant plus de 1.000 ans jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale !!! Monemvassia la ville basse
   
 

Mais je vais te raconter maintenant son histoire.

  Monemvassia la basse ville

Les Grecs avaient bâti une première ville sur le rocher de Monemvassia en 583 (après J.C.) afin de se protéger des invasions barbares.

C'était une forteresse naturelle : Une falaise escarpée de forme ovale, qui n'est rattachée à la côte que par une bande de terre de la largeur d'une route et longue de 1km environ ; et par chance, c'est le seul endroit où le rocher s'abaisse en pente assez douce pour qu'on puisse y accéder et y construire des maisons : C'est la partie basse de Monemvassia.

  Et c'est seulement par là qu'on peut accéder au sommet qui est un plateau...impossible de grimper par les 3 autres côtés, car ils sont pratiquement à la verticale...sauf si on est un bon alpiniste !!!
 

Il a donc suffit de construire des fortifications pour protéger l'unique porte d'accès et la partie basse pour rendre la ville imprenable !!!

lls ont aussi fortifié et tracé le sentier qui mène au sommet de telle sorte qu'il domine l'entrée de la ville basse, tout en se trouvant toujours en dessous de la forteresse qui domine l'entrée de la "ville haute" qui occupait tout le sommet ... De là-haut, ils pouvaient jeter sans effort tout ce qu'ils voulaient sur leurs assaillants, qui étaient obligés de passer par là !!!

Le sentier vers la ville haute
  le sentier entre les deux villes

Personne, pendant des siècles, n'a jamais réussi à prendre Monemvassia par la force !!!

L'empereur de Byzance, qui ne pouvait pas faire autrement que de la traiter en partenaire pour des raisons de sécurité (du trafic maritime et de ses ports), avait accordé à Monemvassia un certain nombre de libertés et de privilèges (payer moins d'impôts, avoir le droit de commercer dans tout l'empire etc.).

  Les habitants étaient des citoyens libres (alors que dans les campagnes, les gens n'étaient que les serfs du seigneur qui seul possédait la terre) qui pouvaient posséder des terres dont ils pouvaient vendre librement les produits.
 

Quand l'un d'eux mourait sans enfant, la ville prenait toutes ses richesses pour renforcer la défense de la ville (achat d'armes, engagement de troupes etc.).

On comprend aisément que ces gens était prêts à tout pour conserver des privilèges comme la liberté...

une église
 

Les Normands, puis les pirates arabes tentèrent de prendre la ville, sans succès !

En 1246, les Francs causèrent de graves dommages et tinrent le siège pendant 3 ans ...

  les toits de Monemvassia

Il faut savoir que la ville disposait de moyens très ingénieux pour recueillir l'eau de pluie des toits.

Tous les toits étaient construits de telle façon que lorsqu'il pleuvait, l'eau tombait directement dans des citernes souvent à double fond pour la purifier et la garder bien au frais !

 


Mais quand les provisions vinrent à manquer, les gens durent manger les chats et les chiens !!!

Ils ne cédèrent pas et posèrent leurs conditions : Les Francs acceptèrent qu'ils conservent tous leurs anciens privilèges : Ils étaient dispensés du service militaire médiéval et en plus, ils ne payaient pas d'impôts !!! Mieux encore, lorsque les Francs avaient besoin de leurs bateaux, les gens de Monemvassia leur louaient les leurs, très très cher !

 

En 1460, les Turcs renoncèrent à leur tour à prendre "la cité que Dieu a faite invincible". C'était le nom qu'ils lui avaient donné, ça te donne une idée de sa résistance !

De 1464 à 1540, elle bénéficia de la protection de Venise qui était en plein essor.(C'est pour cela qu'il y a des bâtiments et des décorations de style vénitien et le lion de Saint-Marc à Monemvassia).

La porte d'une eglise
 

laville basse et ses eglises

En 1540, Venise n'était plus assez puissante pour la garder, elle la céda à la Turquie. De nombreuses familles partirent pour la Crète ou ailleurs.En 1554, les Chevaliers chrétiens tentèrent vainement de prendre Monemvassia ... car les habitants s'étaient accommodés de la présence turque.
  Puis elle redevint vénitienne, puis turque etc., jusqu'en 1821 où, après un siège de 4 mois, les Turcs la rendirent à la Grèce.
  la basse ville Les deux grandes baies au pied du rocher offraient un abri idéal pour de nombreux navires ... C'est pour cela que Monemvassia put devenir une ville commerçante très riche car elle était à mi-chemin entre l'orient et l'occident.
  D'ailleurs les habitants de Monemvassia étaient d'excellents marins, mais aussi d'excellents négociants qui accumulèrent de véritables fortunes !!!
 

C'est ainsi qu'au cours des siècles ils purent construire de belles et confortables maisons, des palais, des églises...Ils purent aussi s'acheter de vastes territoires dans les environs qui produisaient des céréales, du bois, de la laine, de la viande, du vin...qu'ils vendaient.

Leur vin, appelé vin de Malvoisie, fit la renommée internationale de Monemvassia au moyen-âge, car il était très apprécié dans toutes les cours d'Europe !!!

les églises
  On imagine les caravanes de mulets, qui franchissaient quotidiennement les montagnes voisines pour apporter les produits des champs, des jardins et des vignobles, et qui traversaient les rues de la ville basse et ses marchés, et qui grimpaient par la pente raide jusqu'à la ville haute ... car il ne pousse pratiquement rien sur ce rocher, et la ville comptait alors entre 40.000 et 50.000 habitants !!!
   
  Le mulet

Aujourd'hui, seule la "ville basse" est habitée par une cinquantaine de personnes qui tiennent des commerces, ou des restaurants, et qui louent des chambres aux touristes...

Mais les mulets sont toujours aussi utiles pour transporter les objets lourds à travers les rues étroites et recouvertes de pavés, qui serpentent dans tous les sens, et qui sont impraticables pour tout ce qui roule.

(sauf peut-être pour les brouettes et les valises à roulettes qui cahotent plutôt mal que bien...car, en plus des pavés, il y a des escaliers taillés dans la roche et le tout n'est jamais très droit !!!)

   
 

En tout cas, c'est très impressionnant d'arriver la nuit à Monemvassia : on est obligé de passer à pied par le porche étroit, puis on passe la porte, et nous voilà dans une ruelle pavée, étroite et faiblement éclairée par quelques petites boutiques qui nous rassurent que nous ne sommes plus au moyen-âge...car il n'y a aucun bruit !!!

(une promenade nocturne à travers ce labyrinthe de ruelles à peine éclairées qui tournent dans tous les sens, avec des passages sous des porches, où on rencontre plein de chats qu'on éclaire avec sa lampe de poche, c'est génial !)

les petites rues